vendredi 27 février 2009

Bon week-end

Je vous quitte quelques jours. Je pars cet après-midi jusqu'à lundi soir. Un grand week-end en famille m'attend, et mes petits-fils aussi... sourire

Je n'aurai pas le temps d'aller vous visiter avant de partir, je suis désolée. De plus, j'ai eu une fin de semaine très chargée. Cela fait deux soirs de suite que je travaille jusqu'à 23h30...
Mais je viendrai vous voir et vous lire dès mon retour.

Je vous laisse en compagnie de ma minette, elle ne fait pas partie du voyage, elle reste à la maison... sourire
Bon week-end à vous toutes et tous. Je vous embrasse très fort.


mercredi 25 février 2009

Le droit à l'erreur

Le courage de ceux qui se regardent dans la glace le matin et articulent distinctement ces quelques mots pour eux seuls : « Ai-je le droit à l'erreur ? » Juste ces quelques mots... Le courage de regarder sa vie en face, de n'y voir rien d'ajusté, rien d'harmonieux. Le courage de tout casser, de tout saccager par... par égoïsme ? Par pur égoïsme ? Mais non, pourtant... Alors qu'est-ce ? Instinct de survie ? Lucidité ? Peur de la mort ?
Le courage de s'affronter. Au moins une fois dans sa vie. De s'affronter, soi. Soi-même. Soi seul. Enfin.
« Le droit à l'erreur », toute petite expression, tout petit bout de phrase, mais qui te le donnera ?
Qui, à part toi ?


Anna Gavalda

lundi 23 février 2009

De l'autre côté du soleil

.

rosée sur la pierre du monde
j'aurai cherché un sens
sous le regard des astres
qui nous éclairent

forte de l'instinct de la nuit
j'aurai cherché un seul le Lieu
la lumière mes découvertes
autant de stèles dressées vers le ciel

j'aurai aimé cette terre
chéri joies et blessures
aimé ma solitude le silence
et le risque de la parole

j'aurai aimé l'amour ressurgi soudain
comme un exil de plus
sacrifice
où se survivre à soi-même

j'aurai aimé
ce que je ne connaissais pas encore
et jusqu'à l'abîme
notre unique vérité

la lumière je l'aurai entrevue
avant de retrouver
infinis sous mes pas
les chemins de l'ombre

de quoi rêvais-je
dans ma nuit de femme
sinon de ce qui de nous
avait une chance de survivre

Amina Saïd
La douleur des seuils
Clepsydre/Éditions de la Différence,
Paris, 2002, pp. 97-98.

vendredi 20 février 2009

Changer de lieu

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Changer de lieu, c'est changer en même temps les perspectives de notre âme. Certains souvenirs tristes qui étaient au premier plan reculent dans le lointain de la mémoire, et, lorsque plus tard ils reprennent leur place accoutumée, c'est avec des contours moins arrêtés et des teintes adoucies.
Louise Ackermann

lundi 16 février 2009

Le petit homme jamais devenu grand

Je suis mineur même si je m’en vais vers mes cent ans.
Je ne serai toujours qu’un petit garçon incapable de toucher les étoiles.
Mes yeux ne pourront jamais supporter la brillance du soleil.
Je ne pourrai jamais faire face à la charge du rhinocéros
ni ne pourrai surfer sur le dos d’un requin.
Non plus plonger d’une falaise
pour nager comme un poisson dans l’écume des rochers.


Quand j’entends une symphonie, pourquoi pas moi l’avoir composée
alors que dans ma tête mijote depuis cinquante ans
des vagues de notes en délire, en délice ?
Et la palette du peintre aux couleurs feu pastel amande et paon,
pourquoi n’est-ce pas moi qui la tiens dans mes mains
avec la joie extrême de peindre un pan de l’horizon
que je pourrais gonfler à l’infini,
peignant de nuit, sous l’éclairage des comètes,

figeant dans un cadre grand comme l’océan
l’époustouflant ballet des aurores boréales
dont j’entendrais le chuchotement :
« Quelle danse allons-nous danser ?
Quel jet de lumière allons-nous lancer
à ces sympathiques sauterelles ? »
Et de se tordre de plaisir dans le ciel, de s’étirer démesurément
de souffler et faire rouler les nuages
jusqu’à les faire débouler entre deux montagnes
pour servir de ouateux oreillers
à ces magnifiques chevaux las de

dormir sur leurs pattes

Il est 4h. du matin. Du soleil dans ma tête.
Mon cœur couché sur la lune.
Mes jambes remplies de mer, ballottant devant derrière.
L’archet d’une main. Le violon de l’autre.

Diagnostiqué
paralysé mental,
je suis le seul à sourire dans l’hôpital, tout le temps, tout le temps.
Je ne dors jamais, j’ai trop à penser, trop à réaliser sur le champ mes rêves,
ce que je ne pourrais faire quand diagnostiqué normal.
Je sers la main à tous et chacun
qui ont tous un petit sourire en se disant « Pauvre lui ».
Si vous saviez… moi qui suis le propriétaire
des mers, des montagnes, des étoiles :
c’est mon terrain de jeu où les pourquoi ont tous leurs réponses.
Merci… de me garder mineur à jamais.


Karl Chaboum - 2007





Je remercie Karl Chaboum de m'avoir donné l'autorisation de publier l'un de ses textes sur mon blog.

Je précise que l'illustration n'est pas de moi,

elle a été faite par Karl Chaboum.

Allez découvrir ses autres textes sur son blog.
Le détour en vaut vraiment la peine !
Cliquer sur le lien, c'est ici -->
Chaboumyah

vendredi 13 février 2009

Bon week-end

Pour clore cette réflexion sur la sagesse ou la folie, voici une autre citation, cette fois d'André Gide, qui me convient bien :

Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu'écrit la raison. Il faut demeurer entre les deux, tout près de la folie quand on rêve, tout près de la raison quand on écrit.
André Gide



Bon week-end à vous ! Ensoleillé, je vous le souhaite ! Gros bisous.
.

Sagesse ou folie ?

Aujourd'hui la plupart des gens se consument dans je ne sais quelle sagesse terre à terre et découvrent, quand il n'en est plus temps, que les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais. 

Oscar Wilde

mardi 10 février 2009

Fragiles (2)

Un autre texte tiré du même livre :


La solitude

A quoi bon sortir ? Je m'emmène partout ; partout je me fais de l'ombre. Et puis je suis bien comme ça, je connais mes limites, me resserre, me ressemble. Je regarde. Le monde me traverse, ou bien c'est moi qui le contiens. Quelqu'un attend autant que moi, sinon je ne serais pas triste. Quelqu'un s'attend. Quelqu'un m'attend. Ne pas bouger, ne rien effaroucher. Quand le temps nous aura fait trop de mal un jour viendra.

lundi 9 février 2009

Fragiles (1)

La semaine dernière, je suis allée à la médiathèque, et j'ai pris ce livre : "Fragiles". On pourrait croire que ce livre est destiné aux enfants, mais pourtant, non. Il comporte des petits textes, illustrés de jolis dessins. Des petits textes que j'ai aimés lire. En voici un :


L'identité

Je n'aime pas cette question que je me pose. Je voudrais aimer la réponse, seulement. Entre les miroirs, seuls les autres me voient. Alors je fuis, je vis, je me sens libre, je m'oublie. Les autres me reconnaissent, et ne me connaissent pas. Je reviens au miroir. Je crois quelquefois me connaître - et je ne me reconnais pas.

lundi 2 février 2009

Le mensonge est un noble secret

Voici bien longtemps que je ne vous ai pas mis un poème d'Anna de Noailles. Et pourtant, elle écrivait magnifiquement bien. En voici donc un.
Bon début de semaine à vous !



Le mensonge est un noble secret

Ils sont les bâtisseurs hasardeux des pensées,
L'âme la plus puissante est parfois dépassée
Par ces rêves actifs que l'on voit se mouvoir.

Laissons se balancer dans leur ombre décente
L'excessive tristesse et l'excessif besoin !
Confions le secret ou la hâte oppressante
Au silence sacré qui ne les livre point.

Un souvenir dormant cesse d'être coupable,
Tout ce qui n'est pas dit est innocent et vrai;
S'il consent à garder sa face sombre et stable
Le mensonge lui-même est un noble secret.

Ô Vérité tentante et qu'il faut qu'on esquive,
Monacale pudeur, effort, renoncement,
Sainteté des torrents retenant leur eau vive,
Solitude du cœur et de la voix qui ment !

Tendresse de la main qui parcourt et qui lisse
La vie atténuée et calme des cheveux,
Tandis que le désir se prive du délice
De déchaîner l'orage éloquent des aveux

Résolution pure, auguste et difficile
De n'accaparer pas l'esprit avec le corps,
De rester étrangers, pour que le plus fragile
Ne soit pas prisonnier de l'ineffable accord !

Feintise d'être heureux en dehors de l'ivresse,
Accommodation aux paisibles instants:
Plus que les cris, les pleurs, les secours, les caresses,
Vous êtes le mérite insondable et constant !

Anna de Noailles


Peinture de John William Waterhouse

FEMMES ET HOMMES

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le coeur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?

Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots

Julos Beaucarne